Actualités à propos de l’évolution de la pandémie de COVID-19 dans les pays ACP – Date de publication: 8 mai 2020.

Les Centres de contrôle et de prévention des maladies de l’Union africaine (CDC Afrique) fournissent les dernières mises à jour sur la propagation de la pandémie dans toute l’Afrique, avec des statistiques par région et par pays, ainsi que des ressources, des conseils, des infographies et des mises à jour politiques.

Sur le continent africain, la région la plus touchée par l’épidémie est l’Afrique du Nord (Algérie, Égypte et Maroc) en termes de nombre de décès. L’Afrique du Sud est le pays où le nombre de cas signalés est le plus élevé. L’Afrique centrale et l’Afrique de l’Est sont les régions les moins touchées, avec le plus grand nombre de cas dans ces deux régions, respectivement à Djibouti et au Cameroun ; en Afrique de l’Ouest, le Nigeria a le plus grand nombre de cas signalés. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) appelle à des actions communes des différents pays d’Afrique de l’Est pour freiner la transmission transfrontalière. En outre, depuis la fin de 2019, l’Afrique de l’Est subit une invasion acridienne sans précédent. L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) signale qu’un grand nombre de personnes souffrent d’insécurité alimentaire.
(Source : RFI, 26 avril)

Afrique du Sud

Les mesures de confinement seront assouplies à partir du 1er mai, en particulier pour les entreprises, et le port du masque sera rendu obligatoire le même jour. Les résidents seront tenus de rester chez eux. Plus de 1,5 million de Sud-Africains reprendront le travail, notamment dans l’agriculture, les mines et la restauration à emporter. Ces décisions ont été prises face à une baisse de la croissance économique et à un taux de chômage élevé dans le pays, compris entre 30 et 50 % selon les secteurs.

Algérie

Les autorités ont dû à nouveau fermer des entreprises dans plusieurs régions, dont Alger (RFI, 4 mai), suite à l’échec des règles d’hygiène et d’éloignement social. Face à la crise, le budget de fonctionnement de l’État sera réduit de moitié en prévision de la grave crise financière qui menace le pays en raison de la chute des prix du pétrole. En outre, les autorités se sont engagées à augmenter le revenu minimum à partir du 1er juin de plus de 11%.

Bénin

Depuis le 9 avril, le port du masque est obligatoire à Cotonou, ainsi que dans une quinzaine de communes du sud du pays, isolées par un cordon sanitaire. Ces mesures sont bien respectées au Bénin.

Burkina Faso

Le port d’un masque est obligatoire depuis le 27 avril. De jeunes stylistes et créateurs de mode du Burkina Faso ont commencé à produire des masques. L’objectif est de pouvoir les proposer au personnel de santé et aux patients des grandes villes, mais aussi aux populations pauvres. Le laboratoire national de santé publique contrôle les produits. La réouverture des classes n’a pas encore été annoncée et, en attendant, les étudiants peuvent suivre les cours à distance grâce aux nouvelles technologies.

Cameroun

Les autorités ont essayé de ne pas interrompre le flux de marchandises arrivant par les ports de Douala et de Kribi vers les autres pays de la CEMAC, même si les frontières terrestres ne peuvent être franchies par les personnes dans le cadre de la lutte contre le COVID-19. Cependant, les autorités douanières ont annoncé une baisse de 80 % des flux commerciaux dans les corridors Douala-Ndjamena et Douala-Bangui pour mars 2020, par rapport à 2019 (Investir au Cameroun, 27 avril). Le Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam) a annoncé que de nombreuses entreprises ont fait preuve de civisme et, malgré des pertes d’activités et de revenus, ont jusqu’à présent décidé de ne pas licencier de travailleurs (Investir au Cameroun, 27 avril). Elles ont plutôt opté pour des mesures de sauvegarde transitoires telles que le congé partiel, la réduction du temps de travail et le chômage partiel. Avec une liste de 18 mesures fiscales et financières, la Gicam appelle à une pause dans le paiement de certains impôts importants dus par les entreprises, et à un meilleur accès au financement. Le 30 avril, les autorités ont annoncé un assouplissement des mesures restrictives sur la base des résultats d’une analyse d’impact. Les pubs, restaurants et installations de loisirs sont à nouveau autorisés à rester ouverts après 18 heures, il n’y a plus de restrictions sur le nombre de passagers des transports publics par bus et taxi, mais le port du masque est obligatoire et la surcharge est interdite. Les secteurs les plus touchés par la crise sont les transports, les hôtels et restaurants, et le commerce. Pour soutenir la trésorerie des entreprises, les autorités versent une allocation aux entreprises qui prévoit la mise en place d’un cadre de concertation MINFI-MINEPAT (Ministère des finances-Ministère de l’économie, de la planification et de l’aménagement du territoire), avec les principaux acteurs économiques, pour atténuer les effets de la crise et favoriser une reprise rapide de l’activité. Selon la BEAC, la Banque centrale des six Etats de la CEMAC, le déficit budgétaire du Cameroun était de 2,6% du PIB en 2019. Pour 2020, il est prévu de le ramener à 1,5 %, mais cela sera difficile compte tenu de la situation économique marquée par la crise COVID-19. Le 4 mai, le Fonds monétaire international a accordé une facilité de crédit rapide d’environ 226 millions de dollars (135,56 milliards de francs CFA) pour répondre aux besoins urgents de la balance des paiements en raison de la faiblesse de la demande mondiale, de la chute des prix des matières premières et des mesures nationales d’endiguement. À partir du 1er mai, les transporteurs routiers et les passagers camerounais et centrafricains pourront à nouveau traverser la frontière. La République centrafricaine a fermé sa frontière aux passagers et aux chauffeurs de camion le 28 avril afin de contrôler la propagation du virus. Les marchandises ont été transbordées d’un camion à l’autre de chaque côté de la frontière afin de poursuivre leur voyage. (Sources : Investir au Cameroun, 29 avril1er mai4 mai4 mai)

Congo-Brazzaville

Le confinement total de la population a été imposé sur une période allant du 31 mars au 30 avril. Les magasins de proximité sont toujours fermés et les services gouvernementaux distribuent de la nourriture aux orphelinats, aux foyers pour personnes âgées et aux personnes vulnérables. Les autorités ont annoncé une campagne de désinfection des principales artères routières de Brazzaville dans les neuf arrondissements de la ville, bien que les déplacements soient toujours interdits. Les chauffeurs de taxi, qui sont inactifs depuis le début de l’enfermement, sont en grande difficulté financière. Ils sont remplacés par des pousseurs qui transportent des marchandises et des passagers dans toute la ville. Aucune date n’a été indiquée pour la levée des mesures de confinement.

République démocratique du Congo

De fortes inondations ont eu lieu au Sud-Kivu. Alors que la frontière avec le Burundi est fermée pour lutter contre la pandémie actuelle, la population de la ville d’Uvira ne semble pas s’inquiéter des mesures de barrière : pas de masques, pas de désinfectant, de nombreuses embrassades et des mesures d’éloignement non respectées. Les habitants étant très durement touchés par les inondations ne veulent pas ajouter de contraintes supplémentaires liées à la pandémie COVID-19. Les marchés sont bondés. Pourtant, les responsables provinciaux soulignent que le virus est une réalité dans la région. Cependant, la grande majorité des infections et des décès se situent à Kinshasa.

Côte d’Ivoire

Une étude intitulée « Comment la Côte d’Ivoire protège ses systèmes alimentaires locaux » (CIRAD, 21 avril) révèle que les populations peuvent toujours accéder aux produits alimentaires dans le cadre de mesures restrictives. Pour les produits alimentaires les plus consommés, les stocks de sécurité alimentaire devraient permettre de limiter les ruptures d’approvisionnement (par exemple, disponibilité pendant 3 à 6 mois pour les tubercules et les bananes ; 1 mois pour le millet, le maïs et le riz locaux ; et 4 mois pour le riz importé). La production de légumes en début d’année couvre les besoins jusqu’à la fin du deuxième trimestre, mais la plantation en mars a pris du retard. Une aide de 50 milliards de francs CFA a été annoncée pour ce secteur dans le plan de soutien du pays. Malgré les interdictions de circulation entre la capitale et les autres régions du pays, un système de permis est en place pour approvisionner les villes en produits alimentaires. Tous les marchés traditionnels et les hypermarchés modernes sont restés ouverts et le port autonome d’Abidjan est toujours opérationnel (CommodAfrica, 5 mai).

Gabon

L’état d’urgence sanitaire est prolongé au moins jusqu’au 10 mai.

La Gambie

Le pays est toujours en état d’urgence sanitaire, mais les autorités estiment que le plus difficile reste à venir. Grâce au soutien de la Banque mondiale, le ministère de la santé a acquis et va bientôt recevoir du matériel médical pour faire face à l’aggravation de la pandémie. Le pays connaît une crise économique qui menace les Gambiens les plus fragiles. Une aide alimentaire de base pouvant couvrir plus de 80% des ménages a été annoncée.

Guinée-Bissau

L’état d’urgence décrété fin mars est renouvelé pour deux semaines.

Haïti

La population dispose de peu de structures de santé, et l’accès à celles-ci est difficile. Il y a un médecin pour 10 000 habitants, et 20 % de la population n’a pas accès à l’eau potable. Port au Prince, la capitale, compte 3 millions d’habitants sur un total de 11 millions, travaillant principalement dans le secteur informel. Le COVID-19 est arrivé en retard, et il est difficile de se faire une idée précise de la situation car peu de tests sont effectués. Les mesures de confinement sont en effet inapplicables car de nombreuses personnes sont obligées de travailler pour survivre. Les grandes villes étant densément peuplées, il est difficile d’appliquer la distanciation sociale. (Source : CETRI, 14 avril

Liberia

Un plan national d’urgence pour la sécurité alimentaire, la nutrition et les moyens de subsistance a été mis en place par le ministère de l’agriculture (CommodAfrica, 29 avril). Il comprend plusieurs actions : stimulation de la production locale de cultures de base – riz, manioc, huiles comestibles, haricots, légumes – pour atténuer le ralentissement du commerce mondial et les effets de la récession mondiale ; achat et distribution d’urgence de semences, d’outils et d’équipements ; soutien aux agrotransformateurs ; et constitution de stocks alimentaires (en particulier dans les zones difficiles à atteindre). La distribution alimentaire d’urgence ciblera les ménages les plus vulnérables, ainsi que ceux qui sont confrontés à une perte de revenus en raison de COVID-19. Il convient de noter que le pays est fortement dépendant des importations de denrées alimentaires.

Mali

La direction générale des douanes a interdit l’exportation et la réexportation de produits tels que le riz, le millet, le sucre, le lait, les pâtes, l’huile, les aliments pour le bétail, le gaz butane, les masques et les produits hydro-alcooliques (CommodAfrica, 22 avril). Cette mesure vise à assurer la continuité de l’approvisionnement des marchés locaux en denrées alimentaires de base, mais elle intervient à un moment où les conditions macroéconomiques sont difficiles.

Maroc

Le Maroc a repris ses exportations de pommes de terre et d’oignons vers la Mauritanie. Le trafic terrestre avait été interrompu en raison des mesures de confinement contre le virus et des craintes de pénurie sur le marché intérieur. Dans la capitale mauritanienne, une zone spéciale pour le stationnement des camions a été mise en place dans le cadre des mesures de barrière anti-virus. Le Maroc approvisionne régulièrement les pays d’Afrique de l’Ouest en pommes de terre et en oignons : Mauritanie, Sénégal, Côte d’Ivoire et Nigeria (Fructidor, 4 mai).

Maurice

Dans le cadre des mesures de lutte contre le virus, les autorités ont autorisé certains supermarchés et magasins à vendre des fruits et légumes alors que les marchés municipaux et villageois ont été fermés (Fresh Plaza, 23 avril). Les producteurs vendent leurs produits à des intermédiaires qui les commercialisent soit dans les supermarchés, soit au bord de la route. Un nombre limité de permis de travail a été accordé au secteur horticole. Le manque de main-d’œuvre a entraîné une baisse des rendements et une hausse des prix des produits. En ce qui concerne la production en serre, une forte demande de semences pour les produits maraîchers a été observée ces dernières semaines (concombres, poivrons et tomates).

Nigeria

Le déconfinement a commencé le 4 mai à Lagos, Abuja et dans l’État d’Ogun. Le port de masques dans les lieux publics est désormais obligatoire et un couvre-feu est en vigueur entre 20 heures et 6 heures du matin. L’État de Kano, dans le nord du pays, n’est pas concerné par les mesures de déconfinement (RFI, 4 mai). Le Ramadan, qui a commencé le week-end du 26 avril, est particulièrement difficile pour les musulmans africains de vivre dans cette période d’enfermement. Lagos représente la moitié des cas et des décès signalés dans le pays. Le port d’un masque est désormais obligatoire

Ouganda

L’Ouganda a prolongé son embargo de 14 jours supplémentaires, à quelques exceptions près pour certains grossistes (Nile Post, 4 mai). Les aéroports restent fermés et les transports privés et publics restent interdits. En raison des rapports faisant état d’une augmentation des infections nouvellement importées par les chauffeurs de cargos interétatiques au cours des dernières semaines, des appels ont été lancés au gouvernement pour qu’il interdise l’entrée des chauffeurs de camions. Le président a insisté sur le fait qu’il ne peut pas interdire l’entrée des camions de marchandises, mais a noté que des mesures ont été mises en place pour traiter le problème.

Rwanda

Bien que la déconfinement soit officielle depuis le 4 mai et que les entreprises aient repris leurs activités, le télétravail est toujours recommandé. Les hôtels et les restaurants sont autorisés à rouvrir pendant la journée, et les transports publics fonctionnent à nouveau. Les lieux de rassemblement (lieux de culte, écoles) et les frontières restent fermés (RFI, 4 mai).

Sénégal

De nouvelles restrictions à l’ouverture des marchés de Dakar sont entrées en vigueur le 4 mai. Les magasins d’alimentation ouvriront trois jours par semaine. Les autres points de vente ne seront ouverts que le mardi et le jeudi. Toutefois, tous les magasins et marchés seront fermés le week-end (RFI, 4 mai).

Tanzanie

Le pays a opté pour le maintien des activités parce que les autorités ne veulent pas que l’économie s’arrête.

Togo

Dans le cadre des mesures de protection anti-COVID-19, la fermeture de l’accès à certaines villes du pays ne facilite pas la circulation des travailleurs agricoles. Le ministère de la fonction publique, en liaison avec le ministère de l’agriculture, met en place des mesures pour assurer la continuité de la production alimentaire au Togo. Outre la délivrance de laissez-passer au personnel recruté par les entreprises agricoles, le dispositif prévu à plus long terme sera géré par les bureaux de l’emploi, qui recueilleront les besoins des entreprises du secteur agricole et les demandes d’emploi. Actuellement, des agents de production, des conseillers agricoles, des aquaculteurs, des ingénieurs agronomes, des chefs d’exploitation, des ouvriers qualifiés, des pépiniéristes, etc. sont recherchés (AgriDigitale, 24 avril). Les autorités ont annoncé la mise en œuvre du « Plan d’intervention agricole COVID-19 » visant à consolider la sécurité alimentaire et nutritionnelle et à améliorer les revenus et les conditions de vie des producteurs (CommodAfrica, 28 avril). Le plan comporte trois axes principaux : soutien sous forme de matériel d’irrigation et de kits, promotion des entreprises de placement de main-d’œuvre et octroi de crédits d’intrants à des taux subventionnés. Ces mesures sont principalement destinées aux secteurs du coton, du maïs et du riz. Le plan prévoit également des facilités d’accès au crédit pour les intrants. Une enquête a été réalisée par le Conseil National du Patronat du Togo (CNP-Togo) auprès de 110 grandes entreprises touchées par la crise sanitaire du coronavirus au Togo, dont 2% appartiennent au secteur agricole (Agridigitale, 5 mai). Il ressort que 41% des entreprises ont complètement suspendu leurs activités, tandis que 59% sont toujours actives mais au ralenti ; 91% des entreprises ont mis leurs employés au chômage technique, 6% ont opté pour les congés payés ou le télétravail, et le reste des entreprises (3%) ont réduit le nombre de leurs employés au total ; 64% des entreprises estiment avoir perdu plus de 50% de leur chiffre d’affaires. Parmi les mesures de redressement proposées aux autorités figure la mise en place d’un fonds de garantie pour faciliter le financement du redressement des entreprises, notamment des PME.

Tunisie

De nouvelles mesures visant à réduire le confinement permettent le redémarrage des activités dans le service public, l’industrie et le secteur des services, mais à 50 % de leur capacité. Le port d’un masque est obligatoire, et un permis de circulation reste nécessaire jusqu’au 24 mai (RFI, 4 mai).

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