La campagne d’exportation de mangue 2020 a été lancée, et le secteur de l’exportation de mangue du Burkina Faso s’organise dans le contexte difficile d’une capacité de fret aérien limitée vers les marchés européens. Un groupe de producteurs/exportateurs a réussi à organiser le premier vol de fret de la campagne, en travaillant avec Ethopian Airlines pour affréter un avion de passagers transformé en avion-cargo de 100 tonnes. Avec le soutien des autorités burkinabé, cet affrètement a obtenu l’autorisation d’atterrir à Bobo-Dioulasso, la deuxième ville du Burkina Faso, située au plus près des zones de production de mangues. Initialement prévu pour le 28 avril, le vol a été reporté à plusieurs reprises en raison des complexités du contrat d’affrètement. L’avion est finalement arrivé dans la nuit du 2 au 3 mai. Cependant, les 100 tonnes de fruits destinés à l’exportation avaient été envoyées le 26 avril dans les zones de stockage non réfrigérées de l’aéroport de Bobo-Dioulasso. Pendant toute la période de report, les fruits ont dû être régulièrement triés pour garantir la qualité des exportations au départ ; au moment du chargement, seules 52 tonnes étaient autorisées à bord. Le vol à destination de Francfort, en Allemagne, est parti le matin du 3 mai, d’abord à destination d’Addis-Abeba et est arrivé à sa destination finale européenne le soir même. Malheureusement, il y a eu un nouveau retard de deux jours à l’arrivée en Europe parce que les documents originaux accompagnant le chargement, nécessaires au dédouanement, avaient été oubliés par l’équipage à Addis. Ces différents événements ont eu des conséquences commerciales importantes, car la qualité des fruits s’était détériorée et il n’était pas possible de les commercialiser en bon état.
Programme de vols charter d’Ethiopian Airlines au départ du Burkina Faso :
7/05 – 45 tonnes de mangues à Bruxelles via Addis-Abeba
9/05 – 44 tonnes de mangues à Bruxelles via Addis-Abeba
Le coût actuel du fret est de 1,75 USD/kg (960 FCFA/kg), contre un prix normal de 580 FCFA/kg.
La saison des mangues en Gambie a commencé et des sociétés plus importantes et mieux organisées expédient avec succès des marchandises par mer via le Sénégal ou Banjul ; cependant, d’autres sociétés ont rencontré quelques difficultés.
Sierra Leone : un producteur de fruits bénéficiaire des programmes du COLEACP qui a des difficultés à commercialiser ses produits frais dans le contexte COVID 19 nous a informé cette semaine qu’il allait se lancer dans la transformation. L’appui du COLEACP a démarré par un partage d’expérience avec des opérateurs « séchage » de la sous-région et la mobilisation d’expertise adéquate pour l’appuyer à distance. Les produits concernés sont : Mangue, Ananas, Banane, Pawpaw pour faire des fruits séchés et piments habanero pour produire sauce et flocons.
Ce témoignage illustre les opportunités de transformation que de nombreuses PMEs veulent saisir dans le contexte COVID 19 afin d’éviter de perdre leur production et de la valoriser au mieux. Le COLEACP va accélérer ses appuis dans ce domaine dans le cadre de son plan d’actions COVID 19.
Un exportateur d’ananas à Maurice signale qu’il ne peut vendre ni au niveau local ni au niveau international, et que les producteurs en souffrent. Les exportations se concentrent principalement vers l’Europe, où le virus frappe durement. Les fermes ne sont pas assurées et les ananas sont mûrs et prêts à être récoltés, mais sans acheteurs potentiels.
Kanya Donsé Fanyi (KDF), une association de développement de la préfecture de Kindia, en Guinée-Conakry, soutient l’agroalimentaire, la nutrition et la formation. L’ONG, membre du COLEACP, travaille à la production, la transformation, la distribution et la commercialisation des aliments locaux, et assure la formation et la vulgarisation des technologies alimentaires locales. La présidente du KDF, Mme Abiba Diallo, a publié la déclaration d’urgence suivante :
« Nous subissons pleinement les conséquences de la crise sanitaire en Guinée : les activités ont cessé, il y a une perte importante de revenus, nous ne sommes pas en mesure de payer les producteurs et les salaires, et la durabilité de l’activité de l’ONG est sérieusement menacée. La situation est urgente. Pour l’instant, le soutien financier est notre principal besoin en cette période de crise sanitaire ».
Un article du blog d’IFOAM, « La résilience des petits exploitants agricoles en temps de crise », décrit comment les petits exploitants biologiques en Ouganda ont été propulsés sous les feux de la rampe en tant que héros du secteur de la production, jouant un rôle majeur dans l’alimentation des grandes populations urbaines, tandis que les exploitants à plus grande échelle ressentent plus sévèrement les effets de COVID-19. Dans de nombreux cas, les petits agriculteurs biologiques fournissent la plupart des aliments aux marchés locaux des villages. Même pendant le confinement, ils continuent à se rendre dans leurs fermes comme ils le feraient normalement, la seule différence étant qu’ils doivent être rentrés avant 19 heures, car aucun mouvement n’est autorisé dans les rues pendant le confinement au-delà de cette heure. Le gouvernement a laissé la décision aux grands agriculteurs d’empêcher leurs travailleurs de venir travailler ou de leur fournir un logement près de la ferme ; comme cela est coûteux, certains ont décidé d’arrêter complètement le travail, tandis que d’autres peuvent offrir un logement de qualité inférieure. Dans ces circonstances, les petits exploitants agricoles deviendront les principaux acteurs de l’agriculture, fournissant des denrées alimentaires pour nourrir les habitants des villes et des villages. La pandémie montre l’importance de l’agriculture à petite échelle dans l’économie et qu’il est possible de pratiquer l’agriculture sans recourir à des engrais chimiques coûteux.