IMPACTS DU COVID-19 SUR LE SECTEUR HORTICOLE CAMEROUNAIS
RHORTICAM, en collaboration avec le COLEACP, a mené une enquête auprès des entreprises et des coopératives du secteur horticole au Cameroun pendant 10 jours en mai pour aider à évaluer l’impact de la crise sanitaire et économique actuelle et à identifier les besoins de soutien. Les dix entreprises qui ont participé à l’enquête sont principalement actives dans plusieurs secteurs de production simultanément, l’ananas étant le secteur le plus fréquemment mentionné. La majorité des répondants exportent vers le marché européen (70 %), les 30 % restants étant actifs sur le marché local.
Toutes les entreprises participantes, tant sur les marchés locaux qu’européens, ont déclaré être touchées par la crise actuelle. Les principaux impacts se situent au niveau de la demande des clients (90 % des entreprises connaissent une baisse de la demande) ; et les impacts sur la logistique de la chaîne d’approvisionnement, de l’approvisionnement des produits (50 % des entreprises ont mentionné des approvisionnements bloqués) aux exportations (50 % manquent de capacité de fret pour leurs produits).
Les entreprises perdent en moyenne 12,5 tonnes de produits par semaine à cause de ces problèmes, et seul un tiers d’entre elles ont trouvé des marchés alternatifs (généralement des marchés locaux). L’identification de marchés alternatifs serait un avantage clé pour les entreprises à l’heure actuelle.
D’un point de vue opérationnel, toutes les entreprises participantes ont déclaré avoir des problèmes de liquidités et ne pas être en mesure de payer les fournisseurs (100 % des répondants) ou les employés (80 %). Les principaux obstacles aux opérations sont liés à l’approvisionnement (80 % des répondants), au transport (80 %) et, dans une moindre mesure, à l’absence de salariés (40 %).
Les entreprises ne se sentent pas bien informées sur les aides publiques dont elles peuvent bénéficier, et souhaiteraient recevoir des informations et un soutien pour demander et obtenir une aide financière.
La majorité des recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) (mesures de barrière) sont connues et comprises par les entreprises et leurs travailleurs (73 % des personnes interrogées ont déclaré que les recommandations de l’OMS pour toutes les mesures combinées étaient connues et comprises par l’entreprise et les travailleurs). Cependant, certaines mesures ne sont pas appliquées dans les activités quotidiennes : 65% des personnes interrogées ont déclaré que les mesures sont appliquées dans les stations ; 60% ont déclaré que les mesures sont appliquées au moment de la récolte ; et moins de 50% ont déclaré qu’ils transmettent les mesures recommandées par l’OMS aux sous-traitants (producteurs, etc.).
Les résultats de l’enquête suggèrent les priorités suivantes en matière de soutien.
- Accès au marché : identifier des marchés alternatifs pour que les entreprises puissent vendre leurs produits.
- Négociation commerciale : une fois que des marchés alternatifs ont été identifiés, renforcer les compétences des dirigeants pour promouvoir leurs produits et défendre les intérêts de leur entreprise.
- Soutien à la gestion de crise : informer les entreprises sur les moyens de gérer leur trésorerie et de sécuriser leur chaîne d’approvisionnement.
- Soutien à la sensibilisation aux gestes de barrière : proposer des formations aux bonnes pratiques d’hygiène et diffuser des messages clés (par exemple via les cours du COLEACP et la plateforme de formation en ligne).
- Accès au financement : identifier les structures de financement susceptibles de répondre favorablement aux demandes de financement des entreprises, et aider à la planification des investissements nécessaires.
- Information et communication : fournir des informations sur les gestes de barrière et la santé publique ; ainsi que sur les mesures d’aide mises en place par le gouvernement (et, si possible, aider les entreprises à demander une aide gouvernementale).
- Lobbying : approchez le gouvernement pour défendre les entreprises horticoles et promouvoir leur besoin de subventions et/ou d’allégements fiscaux en cette période de crise.