Afrique
Zleca
La zone de libre-échange continentale africaine (Zleca) est entrée en vigueur il y a un an. Son lancement officiel était prévu pour le 1er juillet 2020, mais a été reporté à une date ultérieure en raison de la pandémie Covid-19 et des conséquences économiques. Aucun calendrier de démarrage réel n’a été annoncé. La ZLECA consiste en la suppression progressive des barrières réglementaires et tarifaires pour faire passer le commerce intra-africain de 16 % à 60 % d’ici 2022, avec pour objectif de créer un marché commun continental et une union économique et monétaire d’ici 2028.
Sommet Afrique-Chine contre Covid-19
La Chine a tenu un sommet pour lutter contre le Covid-19 en Afrique. L’occasion pour la Chine et l’Afrique de célébrer 20 ans de coopération. Lors de la crise d’Ebola, la Chine a envoyé des équipes médicales en Afrique pour soutenir les services de santé des pays touchés par l’épidémie. Dans le cadre de la lutte contre Covid-19, la Chine a fourni du matériel d’urgence, des experts médicaux dans plus de 50 pays africains et a partagé son expérience de la lutte contre l’épidémie par vidéoconférence. Selon un communiqué de l’Union africaine du 13 juin, la Chine a fourni à l’Afrique 30 millions de kits de dépistage, 10 000 ventilateurs et 80 millions de masques.
Cameroun
Initialement estimée à 4 % du PIB, la croissance économique en 2020 devrait être de -1,1 % (-1,2 % selon le Fonds monétaire international). Selon le ministère des finances, la pandémie du coronavirus aura un impact négatif sur les recettes publiques estimées à 768 milliards de francs CFA (taxes, douanes, pétrole et gaz, etc.) au cours de l’année 2020. Toutefois, cette baisse des recettes publiques sera partiellement compensée par un soutien exceptionnel au développement des partenaires et un appui financier, notamment du FMI.
Selon une enquête menée par l’Institut national de la statistique (INS) du 27 avril au 10 mai auprès des entreprises sur les conséquences de Covid-19, 90% d’entre elles éprouvent des difficultés à vendre leurs produits (Invest in Cameroon, 9 juin). Les causes sont multiples : réduction de la demande locale, baisse d’activité, fermeture des frontières. Les entreprises mentionnent également des difficultés liées au financement extérieur et à la baisse de leur offre intérieure. Les branches d’activité les plus touchées sont la sylviculture, la santé et les industries manufacturières. Afin de faire face aux effets de la pandémie, l’INS indique que la grande majorité des entreprises ont dû recourir à la réduction du temps de travail (62 %), au licenciement de certains employés (44 %) et à la réduction des salaires (44 %). Sur 770 entreprises, 74,6 % se trouvent dans le secteur tertiaire, 20,0 % dans le secteur secondaire et 5,4 % dans le secteur primaire. L’enquête a également porté sur ceux qui estiment que la conséquence de la baisse d’activité est la réduction des salaires/revenus pour 65 % des répondants. D’autre part, selon l’INS, « la pandémie a entraîné une détérioration du niveau de vie pour 60 % des personnes. Cette détérioration est plus prononcée chez les très pauvres (79%), dans le Nord-Ouest (78%), dans le Sud-Ouest (77%) et à Douala (72%) ». En outre, 82% des personnes interrogées se sont plaintes de la hausse des prix. Globalement, 43% de la population a des difficultés à accéder aux services de restauration et 40% ont des difficultés à accéder aux services de transport public.
Côte d’Ivoire
Lors d’un webinaire organisé par la Chambre de commerce et d’industrie de Paris, M. Jean Louis Giacometti, directeur général de la Chambre de commerce et d’industrie française en Côte d’Ivoire (CCIFCI), a partagé les résultats d’une récente enquête sur l’impact du coronavirus auprès des 1 044 entreprises membres de la structure ivoirienne : « 92% des entreprises sont touchées par cette crise sanitaire ; 17% ont licencié du personnel sans utiliser les mécanismes proposés par le gouvernement (congés payés anticipés, temps partiel et chômage technique). En moyenne, elles ont licencié 16 personnes sur 100. En termes de cash-flow des entreprises, 20 % des membres ont obtenu de meilleurs résultats en 2020 qu’en 2019 ; 13 % équilibrent leurs résultats mais 67 % sont dans une situation difficile car ils ont des résultats de l’ordre de -40 % voire moins ; 37 % des entreprises membres sont prêtes à reprendre leurs activités ».
Le 8 juin, la Banque africaine de développement a accordé un prêt de 75 millions d’euros (49,12 milliards de FCFA) sous forme d’appui budgétaire en réponse aux conséquences de Covid-19. De nombreux acteurs de différents secteurs bénéficieront de ce prêt, notamment les acteurs agricoles et agro-industriels et le monde rural. En plus des mesures de financement de la réponse sanitaire incluant la protection des populations les plus vulnérables, 3 500 entreprises bénéficieront d’un allègement fiscal et 90% des PME recevront une aide pour maintenir leurs installations de production.
Le Programme d’urgence agricole est une composante du Plan d’appui économique, social et humanitaire estimé à 1700 milliards de FCFA (2,6 milliards d’euros) mis en place par le gouvernement pour répondre au coronavirus et à ses conséquences économiques et sociales. Le 15 juin, 120 milliards de FCFA (183,5 millions d’euros) sur un montant annuel de 150,8 milliards de FCFA (230,5 millions d’euros) ont été remis aux unités opérationnelles mettant en œuvre le Programme d’urgence agricole dans le cadre du plan de soutien aux agriculteurs face au Covid-19. Ce sont 300 milliards de FCFA qui sont prévus pour le secteur agricole sur la période 2020-2021 à raison de 150 milliards de FCFA par an. M. Adama Coulibaly, ministre de l’économie et des finances, a rappelé que 79,54 milliards de FCFA (121,6 millions d’euros) sont destinés aux secteurs d’exportation et 39,96 milliards de FCFA (61,1 millions d’euros) à la production alimentaire.
Gabon
Les autorités ont annoncé la reprise des activités des propriétaires de restaurants et d’hôtels, mais sans donner de date précise. Les frontières sont toujours fermées, et cette mesure vise à relancer le tourisme intérieur. La fermeture de quatre mois a des conséquences économiques importantes pour le secteur du tourisme. La réouverture des établissements aux clients est conditionnée par la mise en œuvre de mesures sanitaires.
Guinée
Le 15 juin, les autorités ont annoncé un assouplissement des restrictions imposées. Le couvre-feu est désormais en vigueur entre 23 heures et 4 heures du matin (au lieu de 21 heures à 5 heures) pour le Grand Conakry et est complètement levé à l’intérieur du pays. Les lieux de culte rouvriront à partir du 22 juin dans les endroits qui n’ont enregistré aucun cas pendant 30 jours consécutifs. Les écoles et les universités rouvriront le 29 juin et devront mettre en place diverses mesures de barrière sanitaire : prise de température, lavage des mains, éloignement physique. Le port d’un masque reste obligatoire dans les lieux publics.
Kenya
Le Kenya devrait bénéficier d’une subvention supplémentaire de 7,8 milliards de shillings kenyans (78 millions de dollars) de la part de l’Union européenne, qui servira à remédier à l’impact socio-économique de la Covid-19 dans le pays (The East African, 9 juin). Ce financement, qui s’ajoute à un montant antérieur de 8,4 milliards de shillings (84 millions de dollars), servira à aider les Kenyans menacés par la faim et à renforcer encore les mesures prises par l’État contre la propagation de la pandémie. Le programme de soutien fait partie d’une réponse globale « Team Europe » qui a vu l’UE et ses États membres travailler en étroite collaboration pour soutenir le Kenya pendant la pandémie. Jusqu’à présent, l’Union européenne a contribué à hauteur de plus de 35 milliards de shillings kenyans (350 millions de dollars) aux mesures de lutte contre la pandémie du pays, les autres États membres de l’UE ayant apporté une contribution supplémentaire de 3,3 milliards de shillings kenyans (33 millions de dollars) pour la même somme.
Les marchés d’exportation européens étant inaccessibles puis difficilement accessibles, les producteurs kenyans se sont adaptés très rapidement en développant de nouveaux marchés locaux (EcoWatch, 8 juin), créant ainsi de nouvelles sources de revenus et de nouveaux débouchés. Les exportations de produits frais et de fleurs, qui s’élevaient à 68 millions de dollars en 1991, ont été multipliées par 20 pour atteindre 1,37 milliard de dollars en 2019, dont les roses, les avocats et les haricots verts représentent une grande partie. Trois millions de Kenyans sont directement impliqués dans la culture et la transformation de ces produits. AAA Growers Ltd, le troisième exportateur de roses, de fruits et de légumes du Kenya, exportait 1,4 million de fleurs chaque semaine avant la pandémie. L’arrêt du transport aérien dû à Covid-19 a obligé l’entreprise à se débarrasser de 250 000 tiges de fleurs par jour, avec des pertes globales de fleurs d’environ 70 à 80 %. L’impact négatif sur les fruits et légumes est encore atténué par les produits vendus sur le marché local à des prix réduits. Le secteur horticole kenyan a réduit ses exportations de 70 à 75 % et a perdu environ 3 millions de dollars par jour. Aujourd’hui, les vols internationaux de fret ont repris mais le coût du fret aérien vers l’Europe reste élevé : 2,80 à 4 dollars par kg, soit plus du double des taux précédents. Le marché local devient une alternative à la commercialisation des produits horticoles et des accords ont été conclus avec des plateformes de commerce électronique comprenant un service de livraison à domicile.
Liberia
Le ministère de l’agriculture (MOA) et le comité exécutif du Covid-19 (ECOC) ont lancé le premier système de permis de transport agricole du Liberia (CommodAfrica, 25 mai). Ce système permet aux opérateurs agricoles d’obtenir un permis temporaire pour voyager entre les comtés. Le système de suivi des informations agricoles du Liberia (Liberia Aims) est une plateforme conçue pour recueillir des informations agricoles en temps réel dans tout le pays. Il fait partie du programme de sécurité alimentaire d’urgence du gouvernement du Libéria visant à prévenir les pénuries alimentaires dans le cadre des mesures d’endiguement prises à la suite du Covid-19. Le système de permis est inclus dans cette plateforme, il est gratuit et accessible depuis un simple téléphone portable.
Nigeria
Le Programme alimentaire mondial (PAM) a annoncé que près de 4 millions de personnes, travaillant pour la plupart dans le secteur informel, pourraient perdre temporairement leur emploi. Le PAM prévoit que ce nombre passera à 13 millions si les restrictions de mouvement sont maintenues dans le temps. Ce nombre viendrait s’ajouter aux près de 20 millions (23 % de la population active) déjà au chômage. Dans des circonstances normales, 90 millions de personnes (46 % de la population) vivent avec moins de 2 dollars par jour, et une récession menace en raison de la chute des prix du pétrole. Environ 39 millions d’enfants et de jeunes sont touchés par les fermetures d’écoles, ce qui a un impact sur leur alimentation quotidienne, leur apprentissage et leur santé.
Ouganda
Selon une étude du Centre de recherche en politique économique (EPRC) sur l’impact de la Covid-19, les mesures de confinement visant à freiner la propagation de l’épidémie ont eu des conséquences sur l’économie. La fermeture des frontières a eu un impact négatif sur la chaîne d’approvisionnement et l’économie du tourisme. De nombreux importateurs, commerçants et petites entreprises ont subi des pertes. Des licenciements et des réductions de salaires ont eu lieu dans le secteur privé. Même si le déclin global de l’activité des entreprises a atteint 50 %, c’est l’agriculture qui a connu la plus forte baisse d’activité (76 % des entreprises ont fait état d’un déclin important et 12 % d’un déclin modéré). Cette situation peut être attribuée aux restrictions de transport, à la quarantaine, à l’éloignement physique et à l’interdiction des marchés hebdomadaires, qui empêchent les agriculteurs d’accéder aux marchés des intrants et des extrants et affaiblissent leur capacité de production. La demande dans le secteur agricole a fortement diminué par rapport aux autres secteurs. Cela peut être dû à une baisse du pouvoir d’achat entraînant une diminution de la consommation de produits agricoles, et à une moindre fréquentation des marchés en raison du risque de contamination, les restrictions de circulation limitant les achats, en particulier dans les zones urbaines. Les écoles et les hôtels ont largement contribué à la baisse de la demande de produits alimentaires agricoles. Enfin, les consommateurs ont stocké des denrées alimentaires sèches au détriment des produits agricoles frais. L’étude note que si COVID-19 persiste pendant les six prochains mois, environ 3,8 millions de travailleurs perdraient leur emploi temporairement tandis que 0,6 million perdraient leur emploi définitivement.
Sénégal
L’état d’urgence en vigueur dans tout le pays depuis le 23 mars a été prolongé jusqu’au 2 juillet. Les marchés ont rouvert dans tout le pays, après trois mois de fermeture hebdomadaire et d’ouverture alternée des marchés urbains. Les prix des céréales et des légumineuses sont en hausse d’avril à mai : sorgho (+25%), maïs local (+16%), riz parfumé importé (+14%), millet (+9%). Ces hausses sont dues à une forte demande. Même tendance pour les légumineuses : niébé (+17%), arachide (+6%). Le Commissariat à la sécurité alimentaire prévoit une poursuite de cette tendance à la hausse en juin.
Sierra Leone
L’Association internationale de développement (IDA), une filiale de la Banque mondiale, a annoncé le 18 juin (Commodafrica, 19 juin) un don de 100 millions de dollars. Ces fonds font partie des mesures visant à atténuer les conséquences économiques et sanitaires de la crise du Covid-19. Ils visent à soutenir la croissance et à réduire l’extrême pauvreté dans le pays dans le cadre du plan de développement du gouvernement (2019-2023). Ce financement sera notamment affecté à l’augmentation de la productivité des secteurs de l’agriculture et de la pêche. En 2019, la croissance était de 5,1 %, dominée par les secteurs de l’agriculture et des services. Cependant, la crise Covid-19 devrait avoir un impact sur la croissance économique, qui devrait se contracter de 2,3 à 3,1 %. La Sierra Leone a reçu un total de près de 250 millions de dollars d’aide, dont 100 millions de dollars de l’IDA, des prêts du FMI (143 millions de dollars) et de l’Union européenne (11,2 millions de dollars).
Caraïbes
États membres de la CARICOM
Caricom Today fournit un tableau de bord de la situation régulièrement mis à jour, ainsi que des liens permettant de vérifier l’état des couvre-feux et autres mesures dans chacun des 15 États membres et des 5 membres associés.