Afrique

Selon les projections du Fonds monétaire international (FMI) à la fin juin, une récession de 3,2 % est envisagée pour l’économie de l’Afrique subsaharienne (RFI, 2 juillet). L’Afrique reste le continent le moins infecté, mais la pandémie pourrait s’accélérer malgré les mesures de lutte déployées par les différents Etats africains. Au cours des deux derniers mois, plus de 10 milliards de dollars d’aide d’urgence ont été accordés par le FMI à 29 pays d’Afrique subsaharienne. Parmi eux, 21 ont également bénéficié du moratoire sur la dette envers les donateurs publics internationaux. Le FMI prévoit une reprise de la croissance en 2021, mais avec un niveau de PIB inférieur à celui de 2019.

Depuis plusieurs semaines, des équipes de l’Organisation de coordination de la lutte contre les maladies endémiques en Afrique centrale (OCEAC) traversent les zones frontalières de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (CEMAC) pour sensibiliser les populations à la lutte contre le coronavirus (RFI, 29 juin). C’est notamment le cas entre la République centrafricaine et la République démocratique du Congo, car cette zone transfrontalière est un lieu d’échange pour les populations par voie terrestre et fluviale.

Les frontières de l’UE ont été fermées à partir du 17 mars dans le cadre des mesures de barrière visant à empêcher la propagation du virus dans les pays de l’UE. Depuis le 1er juillet, la France a progressivement rouvert ses frontières à 15 pays hors de l’espace Schengen, dont quatre pays africains (Maroc, Tunisie, Algérie, Rwanda) (RFI, 2 juillet). Pour ces quatre pays, comme pour 15 autres pays dans le monde, les frontières de l’UE sont également ouvertes. Pour la France, il est précisé qu’un ressortissant d’un pays africain résidant en France et jusqu’alors bloqué dans son pays d’origine, si son pays ne figure pas sur la liste des pays autorisés, peut rentrer en France sous certaines conditions (passeport et titre de séjour en cours de validité ; respecter un délai d’éloignement de 14 jours au retour). En réponse, certains pays africains non autorisés, comme le Gabon, appliquent des mesures de réciprocité et ne délivreront donc pas de visa de tourisme aux ressortissants de l’UE jusqu’à nouvel ordre.

Cameroun

Le Ministère de l’Agriculture (Minader) a annoncé un possible ralentissement du secteur de l’agriculture vivrière, +3% en 2020 contre 3,7% en 2019, en raison de la crise Covid-19, de la crise sécuritaire dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest, et des effets du changement climatique (Investir au Cameroun, 24 juin). Toutefois, ce risque pourrait être atténué grâce aux mesures prises par le gouvernement pour approvisionner le marché national en denrées alimentaires. Par exemple, pour réduire le risque de pénurie, le ministère de l’agriculture encourage la culture de cultures vivrières à cycle court, en mettant à la disposition des agriculteurs 141 000 boutures de manioc certifiées, 60 tonnes de semences de riz pluvial certifiées, 1,5 million de bananiers, 200 tonnes de pommes de terre, 6 millions de plants de cacao, et en soutenant le développement des cultures maraîchères.

République démocratique du Congo

Depuis le 28 juin, plusieurs services ont rouvert dans la commune de La Gombe, le centre d’affaires de Kinshasa (RFI, 29 juin). Les banques, les magasins, l’administration publique, les restaurants et les cafés ont rouvert . Toutefois, le marché central (en cours de rénovation), les écoles, les discothèques, les églises et les stades sont toujours fermés, et le port du masque est obligatoire dans les transports. Les taxis-motos ne sont toujours pas autorisés à entrer dans la municipalité, bien que les résidents soient autorisés à circuler.

Ghana

Le Partenariat africain pour les engrais et l’agroalimentaire (AFAP, 30 juin) rapporte que seules trois régions sur 16 n’ont enregistré aucune personne touchée par la pandémie. Depuis le début de la crise, divers secteurs de l’économie ghanéenne ont été touchés, notamment le secteur agricole. Les mesures de barrière mises en place pour empêcher la propagation du virus ont entraîné la fermeture des marchés dans tout le pays. Les répercussions sur l’agriculture pourraient être importantes si des mesures de soutien ciblées ne sont pas prises. Aucune pénurie de main-d’œuvre importante n’a été signalée à ce jour, mais on ne peut l’exclure à l’avenir. Cette crise vient s’ajouter aux conséquences du changement climatique, notamment sur les rendements agricoles en raison de l’irrégularité des précipitations. Des mesures préventives plus restrictives visant à éviter les déplacements pourraient avoir un impact sur la production agricole en raison d’une baisse de la demande, mais aussi sur les revenus et l’emploi.

Kenya

Des mesures de confinement plus légères ont été annoncées (RFI, 29 juin). Au cours des trois derniers mois, trois grandes villes du pays ont été confinées (Nairobi, Mombasa, Mandera) avec une interdiction de quitter et d’entrer dans ces villes. Le couvre-feu est en vigueur de 21 heures du soir à 4 heures du matin. Kenya Airways a annoncé la reprise des vols intérieurs dans les prochains jours.

Une nouvelle génération de criquets a éclos au Turkana, la région la plus pauvre du Kenya (Daily Sabah, 30 juin). Les jeunes criquets dévastent les terres agricoles et les pâturages, et lorsque leurs ailes arriveront à maturité, les essaims pourront parcourir jusqu’à 130 km en une journée. « Les criquets en sont venus à déstabiliser une situation déjà mauvaise », a déclaré Daniel Kirura, Directeur de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture à Turkana. Kirura craint que les essaims ne se répandent rapidement, et indique que les équipes travaillent frénétiquement pour les pulvériser avec de l’insecticide avant qu’ils ne se propagent dans l’air. « En une semaine, ils pourraient se transformer en essaims qui pourraient s’envoler », a déclaré M. Kirura. « Notre souhait est de les contrôler avant qu’ils ne quittent le Turkana. » Le Turkana est une vaste brousse sèche située au nord-ouest du Kenya, à la frontière de l’Ouganda, du Sud-Soudan et de l’Éthiopie.

Liberia

Depuis le 28 juin, l’aéroport international de Monrovia-Roberts a été rouvert aux vols commerciaux après avoir été fermé pendant 3 mois (RFI, 29 juin). Les passagers devront se conformer à des mesures sanitaires au départ et à l’arrivée, notamment le test obligatoire de Covid-19, la prise de température, la distance physique, le port d’un masque ou l’utilisation d’une application de suivi des téléphones portables.

Nigeria

Depuis le début de la crise de Covid-19, les agriculteurs nigérians ont de grandes difficultés à trouver des intrants agricoles (semences, engrais) car ils sont rares et coûteux (Covid-19 Food/Future, 28 juin). Les commerçants des grandes villes ne peuvent plus vendre leurs marchandises normalement en raison des heures et des jours d’ouverture limités, et du nombre restreint de clients. La pandémie a perturbé l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement alimentaire et a entraîné des changements importants dans les modes de production, de demande et de consommation. Par exemple, les consommateurs réduisent désormais leurs choix alimentaires pour se concentrer davantage sur les produits essentiels tels que le riz, le gari et les haricots. Selon le rapport de l’AFEX Commodities Exchange sur le Covid-19 et les produits de base, au cours des trois derniers mois, certains produits ont vu leurs ventes chuter fortement, comme le soja (-13,5 %) et le maïs (-6 %). Les ventes d’autres cultures d’exportation, telles que le gingembre (+5%) et le cacao (+12%), ont augmenté. La hausse des prix des denrées alimentaires et la baisse de la demande (perte d’emploi et de revenus) ont entraîné une baisse des revenus des commerçants. Pour certains produits (riz, maïs, haricots, sucre), la hausse des prix est due à une augmentation de la demande et à une offre limitée (exploitations agricoles inaccessibles en raison des restrictions de circulation, coûts de transport élevés, fermeture de certains marchés dans le nord en raison de l’insécurité là où la plupart des céréales et des légumineuses sont produites).

Sénégal

Le 28 juin, les autorités ont annoncé la réouverture des frontières aériennes à partir du 15 juillet (RFI, 1er juillet). Un protocole sanitaire strict devra être suivi par les passagers, et la réouverture dépendra de l’ouverture ou non des frontières dans les pays de destination. Au départ du Sénégal par voie aérienne, les passagers devront respecter une distance physique et porter un masque jusqu’à leur arrivée à destination. À leur arrivée à l’aéroport, les passagers seront soumis à un test de dépistage obligatoire et gratuit du Covid-19. En cas de test négatif effectué moins de 7 jours avant le vol vers le Sénégal, le passager ne sera pas contrôlé. Chaque passager devra remplir un formulaire pour retracer son parcours. Actuellement, les seuls vols internationaux opérant au départ et à destination du Sénégal sont des vols dits de « rapatriement », aller simple, pour les ressortissants sénégalais bloqués à l’étranger, ou les ressortissants étrangers bloqués au Sénégal. Les vols intérieurs ont repris le 15 juin, tandis que les frontières terrestres et maritimes sont fermées jusqu’à nouvel ordre.

Togo

Dans le contexte de la pandémie de Covid-19, la Banque africaine de développement (BAD) a réaffecté, le 18 juin 2009, 3 millions de dollars de prêts pour aider le Togo à acheter des intrants pour la prochaine saison agricole et ainsi améliorer la sécurité alimentaire (Commodafrica, 24 juin, Agridigitale, 25 juin). Cette décision s’inscrit dans le cadre du projet de transformation agroalimentaire du Togo (PTA-Togo) qui permettra au pays d’acheter des engrais, des pesticides biologiques et des semences pour environ 150 000 petits agriculteurs. Le secteur agricole représente plus de 40 % du PIB et emploie près de 65 % de la population active. Les autorités togolaises prennent les mesures appropriées pour éviter une crise alimentaire, si la pandémie se prolonge, en mettant à la disposition des producteurs des intrants agricoles de qualité. L’utilisation de ces intrants devrait permettre d’augmenter la production de maïs de 12 700 tonnes, de riz de 18 000 tonnes, de sésame de 1700 tonnes et de produits maraîchers de 2200 tonnes.