Résultats de l’enquête : Enseignement supérieur et formation à distance EN PAYS ACP
Points clés
- Entre mai et juillet 2020, en réponse aux restrictions dues à la Covid-19, le COLEACP a organisé une formation sur les outils d’apprentissage digitaux aux professeurs et chargés de cours de cinq institutions universitaires d’Afrique et des Caraïbes. Nous avons demandé aux participants d’évaluer les impacts de cette formation et leurs besoins futurs en matière de renforcement des capacités.
- Bien que les répondants (enseignants) considèrent que leur niveau de compétences numériques se situe entre le niveau de base et le niveau suffisant, la grande majorité d’entre eux ont franchi le pas.
- Certains ont, depuis, formé une partie de leurs collègues à l’utilisation de Moodle, Camtasia et/ou Zoom.
- Beaucoup estiment, cependant, qu’un appui supplémentaire sera nécessaire afin de garantir un enseignement à distance de qualité, et proposent aussi que leurs collègues puissent également bénéficier de ce renforcement de capacités.
- La plupart des personnes interrogées estiment que malgré certaines limitations techniques – notamment l’accès des étudiants à un internet de qualité – l’apprentissage en ligne est là pour rester, et continuera au-delà de la crise sanitaire actuelle.
71% | 68% | 74% | 82% |
estiment que leurs élèves ont de bonnes aptitudes pour l’apprentissage en ligne | s’attendent à donner des cours hybrides, en présentiel et en ligne | ont transmis certains aspects de leur formation COLEACP à des collègues | souhaitent davantage de formations sur le passage du présentiel au digital |
Résultats détaillés de l’enquête :
En réponse aux restrictions dues à la Covid-19 dès le début de 2020, le COLEACP a accéléré sa transition vers l’apprentissage à distance et, entre mai et juillet 2020, a dispensé des formations sur les outils de formation en ligne aux professeurs et chargés de cours des universités et des centres de formation des pays ACP. Cette enquête évalue les impacts de la formation et les besoins futurs en matière de renforcement de capacités dans le domaine de l’apprentissage en ligne. Une cinquantaine de questionnaires ont été partagés, suscitant 17 réponses (26 %), 13 en français et 4 en anglais. Bien que l’enquête ait eu une portée limitée, les résultats donnent un aperçu utile de la situation actuelle et des besoins futurs en matière de formation digitale dans les établissements d’enseignement supérieur des pays ACP.
Les établissements d’enseignement supérieur concernés étaient :
- L’Institut de l’Agriculture et des Sciences marines des Bahamas (BAMSI), Andros, Bahamas
- L’université Kenyatta, comté de Nairobi et comté de Kiambu, Kenya
- L’Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques (ESSA), Université d’Antananarivo, Madagascar
- L’université Gaston Berger, Saint-Louis, Sénégal
- L’université Cheikh Anta Diop (UCAD), Dakar, Sénégal
Les universités et l’enseignement à distance
Avant la Covid-19, 13 enseignants (77 %) disposaient déjà d’un outil de formation en ligne, tel que Moodle ou équivalent. Un répondant a déclaré que son université incluait l’enseignement à distance dans ses projets futurs ; trois ont déclaré que leur université ne proposait aucune solution pour l’enseignement à distance.
Concernant la situation pendant la crise sanitaire, neuf répondants (53 %) ont déclaré que leur université avait pris des dispositions spéciales pour la mise en place de plateformes telles que Moodle ou autre afin de structurer les cours en ligne. Sept répondants (41%) ont déclaré qu’après la crise, leur université continuera à développer leur plateforme d’enseignement à distance.
À la suite de la formation COLEACP, au début de la nouvelle année scolaire, 11 répondants (68%) ont déclaré que leurs cours seront en partie en présentiel et en partie à distance ; deux répondants ont déclaré que tous leurs cours se feront à distance.
Les étudiants et l’enseignement à distance
Les 17 répondants estiment que leurs étudiants ont les capacités (compétences) nécessaires pour suivre des cours en ligne. En évaluant les capacités des étudiants sur une échelle de 1 à 5, 71 % ont estimé qu’elles étaient bonnes ou très bonnes. Un seul répondant a donné une note inférieure à 3 sur l’échelle.
Selon l’expérience des enseignants, les principales difficultés des étudiants dans l’enseignement à distance sont l’accès à l’internet et/ou aux équipements informatiques, suivi de l’auto-motivation. Le manque de contact avec les autres étudiants a également été souligné par certains.
En ce qui concerne les activités d’apprentissage les plus appropriées pour les élèves, les enseignants ont indiqué que leurs élèves apprennent mieux par le biais de vidéos et de présentations en direct.
Les enseignants et l’enseignement à distance
À l’issue de la formation, bien que l’utilisation d’outils spécifiques se soit améliorée, les enseignants ont estimé que leur capacité globale à gérer des cours en ligne allait du niveau «basique » « suffisant ». Cela suggère qu’il faudra en faire plus pour leur permettre d’adapter entièrement le contenu de leurs cours à une utilisation en ligne.
Pendant la crise, la plupart des enseignants (77 %) ont utilisé le logiciel Zoom pour l’enseignement en ligne. 53 % ont utilisé Moodle, et 35 % Camtasia.
71 % des répondants ont été invités par leur université à mettre leurs cours en ligne. Seuls trois répondants n’avaient mis aucun cours en ligne.
Lors de l’enseignement à distance via Zoom, alors que les enseignants des universités francophones ont tendance à utiliser des présentations textuelles, avec seulement quelques vidéos et activités interactives (Moodle), les enseignants des universités anglophones utilisent moins de textes ou d’activités Moodle, et plus de vidéos.
Suite à la formation COLEACP, 74% des enseignants ont déclaré avoir formé trois à cinq collègues sur la façon de mettre les cours en ligne.
Toutes les personnes interrogées ont déclaré vouloir continuer à utiliser l’apprentissage en ligne dès le début de la nouvelle année scolaire. La plupart pensent que leur enseignement alternera l’apprentissage en présentiel et à distance.
La plupart des enseignants qui ont répondu (82 %) souhaitent recevoir davantage d’appui sur le passage de l’enseignement en présentiel à l’enseignement à distance, y compris une formation sur des outils numériques spécifiques et sur les méthodes de tutorat à distance.
Certains répondants ont également demandé plus d’informations sur l’acquisition de licences pour les outils numériques et la mise en œuvre de sessions pratiques virtuelles.
Un formateur expert du COLEACP en matière d’apprentissage numérique témoigne : l’accès à l’Internet et aux ordinateurs est essentiel pour les élèves
« Il n’est pas toujours facile de mettre en place des cours en ligne dans certaines universités africaines en raison du nombre important d’étudiants, en plus de la difficulté d’accès à l’internet. Au Kenya, par exemple, des rapports montrent que les enseignants, voulant suivre le rythme de travail des étudiants, ont mis en place des groupes de suivi WhatsApp. Malheureusement, la plupart d’entre eux n’ont pas accès à internet. Au Sénégal, le projet appelé « un étudiant, un ordinateur » mise en place à une certaine époque par le gouvernement, a bien démarré , mais il était pas suffisamment géré et maintenant nous n’en entendons plus parler. À cela s’ajoute le manque d’équipement, qui empêche les enseignants de faire leur travail. Même si l’arrivée de la pandémie a permis de repenser une forme d’enseignement à distance, plusieurs paramètres doivent être pris en compte.
Le moment est venu de réfléchir à ce qui peut apporter des changements dans les écoles de demain. Il s’agit de mettre en place une politique d’éducation qui permette de répondre aux besoins des situations d’urgence. Nous devons commencer par des priorités, par exemple, l’accès à l’internet et aux ordinateurs est essentiel pour les élèves. Nous savons tous qu’en Afrique, il y a pas mal de problèmes à résoudre, mais l’éducation reste et restera un domaine essentiel. »