Fourni par Union Fleurs – Association internationale du commerce des fleurs
La chaîne internationale d’approvisionnement en fleurs s’est concentrée sur la préparation de la fête des mères, qui a lieu le 10 mai dans la plupart des marchés de destination (États-Unis et la majeure partie de l’Europe continentale). Les perspectives du côté de la demande sont assez positives grâce à la réouverture de la plupart des canaux de vente de fleurs ; les pays producteurs sont prêts à fournir, mais les taux de fret aérien et la capacité d’expédition restent un défi pour les principaux pays exportateurs (Kenya, Colombie), qui continuent de connaître d’importants goulets d’étranglement pour leurs liaisons avec les marchés de destination. La fête des mères est la dernière grande célébration liée aux fleurs au printemps, avant le début de la basse saison pour le marché des fleurs coupées. Seules la Pologne (qui célèbre la fête des mères le 26 mai) et la France (7 juin) continueront à augmenter un peu la demande sur le marché européen. Les perspectives pour le marché par la suite sont encore assez incertaines, et l’impact de la crise COVID-19 sur l’industrie florale devrait continuer à se faire sentir.
Fin avril, le Kenya a envoyé plus de 300 bouquets au Royaume-Uni, en signe de solidarité avec un pays qui reste son principal marché de floriculture en pleine pandémie de COVID-19. Les fleurs ont été distribuées à la ligne de front du NHS qui lutte contre la pandémie, notamment aux médecins, aux infirmières, aux patients en convalescence et aux maisons de soins. L’initiative s’inscrit dans le cadre de la campagne « Fleurs d’espoir » au Kenya, et provient d’un comité mis en place par le président Uhuru Kenyatta qui a réuni la Kenya Private Sector Alliance, la Kenya Association of Manufacturers, la Kenya Airways et le Kenya Flower Council. Un message de bonne volonté du président Kenyatta a été affiché sur les manches des fleurs, à la lecture : « Il y a eu quelques moments dans l’histoire où le monde a été confronté à une crise aussi profonde et conséquente que celle-ci. C’est précisément dans des moments comme celui-ci que nous devons faire preuve d’humanité, de persévérance et d’espoir. Quelle que soit l’adversité, quel que soit l’ennemi, nous triompherons ensemble. Nous sommes unis. Tuko Pamoja. Du Kenya avec amour – S.E. Uhuru Kenyatta. »
L’Association éthiopienne des producteurs-exportateurs de produits horticoles (EHPEA) a récemment fait état d’une perte d’environ 25 millions de dollars US dans le secteur horticole depuis l’apparition de la COVID-19 (FBC, 4 mai). Tewodros Zewdie, directeur de l’EHPEA, déclare que la haute saison des exportations de fleurs de cette année a été sévèrement touchée et que des efforts continus sont déployés pour minimiser l’impact et pour retenir les employés.
La Royal FloraHolland a récemment présenté son rapport annuel pour 2019 et annoncé qu’elle s’attend à des pertes de plusieurs millions en 2020 en raison de la crise COVID-19 (Hortipoint, 1er mai). Si la continuité des ventes aux enchères n’est pas compromise, elles se préparent à une contraction du marché et à une réduction globale de la demande de fleurs en corrélation directe avec les prévisions de récession économique.
Le fonds d’urgence néerlandais de 600 millions d’euros destiné à indemniser le secteur ornemental aux Pays-Bas, annoncé le 15 avril par la ministre néerlandaise de l’agriculture Carola Schouten, est actuellement évalué par la Commission européenne dans le cadre d’une procédure d’urgence. Jusqu’à ce que l’approbation finale de l’UE soit confirmée, les entreprises néerlandaises du secteur ayant subi une perte de chiffre d’affaires de plus de 30 % au cours de la période du 12 mars au 11 juin peuvent commencer à présenter une demande préalable au fonds à partir du 7 mai. De plus amples informations sont disponibles sur le site web de l’Agence néerlandaise des entreprises (RVO).
Le règlement d’application de la Commission 2020/594 prévoyant des mesures dérogatoires exceptionnelles aux règles de concurrence de l’UE pour le secteur des fleurs et des plantes en vertu de l’article 222 du règlement OCM (organisation commune des marchés) est entré en vigueur le 5 mai et sera applicable pendant 6 mois. L’adoption de ce règlement est une reconnaissance exceptionnelle par la Commission européenne des graves perturbations qui ont eu lieu sur le marché depuis la mi-mars. Toutefois, il est prévu que ces mesures n’apporteront aucun soulagement tangible significatif aux besoins du secteur.
Les organisations sectorielles telles que Union Fleurs continuent de plaider pour un soutien financier plus direct de l’UE. Exprimant leur soutien aux demandes du secteur, 50 membres du Parlement européen (MPE), originaires d’un grand nombre d’États membres et de plusieurs groupes politiques, ont envoyé une lettre commune au commissaire européen à l’agriculture Janusz Wojciechowski le 27 avril, demandant un soutien de l’UE au secteur des fleurs et des plantes vivantes, qui a été dramatiquement touché par la crise exceptionnelle. Les députés européens ont demandé à la Commission d’être plus ambitieuse et pragmatique, et d’activer dès que possible un soutien financier urgent et sur mesure pour le secteur, allant au-delà des mesures proposées par la Commission européenne qui ne sont pas suffisantes pour maintenir le secteur à flot.
« En tant que membres du Parlement européen, nous considérons qu’il est du devoir de la Commission européenne de ne pas abandonner ce secteur européen hautement interdépendant et performant et d’y investir dès que possible pour lui offrir une bouée de sauvetage », indique la lettre, tout en rappelant que le secteur soutient 760 000 emplois dans toute l’UE et contribue chaque année à l’économie de l’UE avec un chiffre d’affaires total de 48 milliards d’euros.
Autres actualités
Le Daily Nation du Kenya (1er mai) rapporte qu’il n’y a « rien à célébrer » pour des milliers de Kenyans le jour de la fête du travail. Un rapport du ministère du travail et de la protection sociale indique que le virus a déjà mis au moins 133 657 Kényans au chômage. Les entreprises ont commencé à renvoyer leurs employés chez eux en mars, quelques jours après que le premier cas de coronavirus ait été signalé au Kenya, alors que la plupart d’entre eux ont rejoint le pays ce mois-ci. Les entreprises des secteurs des fleurs, du thé, de l’hôtellerie, du tourisme, de l’aviation et des transports ont été les premières à prendre des mesures. Jusqu’à présent, les travailleurs des exploitations floricoles ont été les plus touchés. Environ 80 000 d’entre eux ont été licenciés ou sont actuellement en congé sans solde.
Le rapport de Royal FloraHolland (4 mai) décrit les préparatifs en cours aux Pays-Bas pour un fonds d’urgence pour l’horticulture et cite un conseil juridique d’un cabinet d’avocats néerlandais selon lequel « si un commerçant néerlandais achète à un producteur, il doit faire deux choses. Acheter et payer ». La multinationale néerlandaise Rabobank prédit qu’il faudra 4 à 5 ans pour que le secteur retrouve son niveau de 2019. En outre, les objectifs de durabilité (tels que l’accord de Paris sur le climat) dans l’horticulture d’intérieur pourraient être plus difficiles à atteindre en raison du manque de financement (pour la chaleur géothermique, par exemple).
La FNPHP, l’association des sélectionneurs français de plantes ornementales, a proposé au gouvernement un plan de soutien et de relance de l’horticulture française. « Suite aux annonces décevantes de la Commission européenne du 22 avril dernier, qui n’apporte aucun soutien financier au secteur horticole, il appartient au gouvernement français d’assumer sa responsabilité pour sauver le secteur agricole ».
La fédération italienne des fleuristes Federfiori propose de célébrer la fête des mères en Italie non seulement le dimanche 10 mai, mais aussi pendant une semaine du 4 au 10 mai. Cela permettrait d’éviter les longues files d’attente devant les fleuristes et la foule dans les magasins – et donnerait aux Italiens toutes les possibilités d’acheter des fleurs et des plantes.
